4 juillet 2016

Zanzibar or Ahah??... Hallah!!!!!

L'annee 2016 est pleine de surprises et mes voyages changent de rythme. Plutot que de passer de pays en pays par la frontiere terrestre comme j'en ai l'habitude, 2016 m'emmene dans des pays bien precis et ceux-ci ne sont pas mitoyens.
J'ai commence par le Maroc en fevrier et la formation en construction superadobe. J'ai continue avec l'espagne en avril, en theorie pour mediter, mais le superadobe m'y a suivi et mon voyage a tourne en visites professionnelles.
Et je poursuis avec ce petit trip de deux semaines a Zanzibar en ce mois de juin, rendre visite a Billy, lui qui m'a introduit le superadobe en 2015.
Il a quitte son Kenya natal voici 2 mois et apres avoir conduit des formations en permaculture, il se lance maintenant dans les chantiers en superadobe. Il a monte une equipe locale et son premier chantier est consequent!


Une maison composee de deux domes de 5m, avec 4 chambres, une cuisine ouverte et une salle de bain separee.
Une terrasse ouverte devrait donner une vue (voir un plongeoir) imprenable sur la piscine en forme d'Afrique. Maison de reve donc, commandee par une allemande, Laura, vivant sur place.
Voici le projet:


























Etant en pleine reflexion concernant un systeme ameliorant la depose des sacs de superadobe (autant utilise mon diplome d'ingenieur mecatronique...), je n'ai pas pu resiste a l'envie de construire mon petit proto “zanzibar style”!
Bon malheureusement, Buddy (petit nom de mon proto) est encore en cours de developpement et l'equipe ayant deja un bon rythme, les essais ne seront pas frequent. Les gars preferent leur methode, a laquelle ils se sont habitues les 3 dernieres semaines. Je garde mes tests pour plus tard donc. Je suis neanmoins heureuse d'avoir pu deblaye le terrain quand a sa construction sur une ile comme zanzibar. Voici d'ailleurs les petites mains qui l'ont monte!







Bon boulot boulot, d'accord, mais je suis a Zanzibar quand meme... Et le chantier se situe a Kizimkazi en plus. Petite bourgade au sud de l'ile, connue pour sa colonie de dauphins qui aiment se balader aux alentours.










Billy m'invite donc a aller leur dire bonjour. Et allant dejeuner tous les jours dans un petit resto local, nous nous lions d'amitie avec quelques locaux et l'un d'eux accepte de nous emmener voir les dauphins pour la maudique somme de 20euros (au lieu des 100 habituels).
Ce fut magique! Un petit groupe d'une dizaine d'individus flottent a quelques centaines de metres de la cote. Ils se deplacent assez lentement. Remontant a la surface toutes les 3 a 4 minutes pour 5 minutes. C'est l'occasion pour nous de plonger et de s'approcher de ces bestiaux, si taquins. Aucun contact n'aura lieu, mais les echanges de regards seront profonds!
Nous plongerons 5 fois, avant de retourner sur le rivage, sous une pluie battante mais avec le sourir!










Billy me fera egalement decouvrir Kendwa, tout au nord de l'ile. La-bas se trouve un resort tres developpe et repute pour ces soirees endiablees! Effectivement on y retrouve tous les touristes en maillot de bain, se dehanchant sur des rythmes estivaux. Bonne soiree!


J'ai passe ces 2 semaines principalement a Kizimkazi, vivant avec l'equipe dans une maison louee pour le chantier.


J'ai neanmoins fait plusieurs aller-retour a Stonetown, la capitale pour construire Buddy. Et le plus important et en un sens, le pourquoi de ce petit trip, j'ai rencontre l'equipe de Fumba town.


Petite parenthese : Lors d'un de ces trajets en daladala (minibus locaux, remplis a ras-bord), nous avons emmener un packet quelque peu insolite. Si tu te demande si le poisson est frais. Ma foi, la raie l'est! Directement de la plage, au marche.. transportee sur le toit du daladala, il leur a fallu 6 paires de bras pour la monter...





Alors Fumba town, c'est un enorme projet immobilier en partenariat avec le gouvernement local et des investisseurs hollandais et allemand. Ils souhaitent construire une ville en maisons prefabriquees. Bon ce projet-la ne me parle pas plus que ca, mais ils souhaitent commencer la construction de la ville par un centre de services, contenant les bureaux de la gestion de la ville et une bibliotheque. Et ce centre m'interesse beaucoup. En effet, il est concu par un architecte hollandais specialise en superadobe. Le centre compte 6 domes (2x6m, 2x5.5m, 2x5m) et une terrasse commune en bamboo. Bref, projet pharaonique en superadobe. Peu sont les sites utilisant cette technique a cette echelle. C'est donc un challenge, un vrai! Et participer a ce challenge me fait rever.
J'avais deja pris contact avec l'architecte (grace a Billy qui m'a transmis le contact il y a quelques semaines), voir s'ils recrutaient, mais les reponses etaient evasives et le projet a fini par etre reporte (initialement prevu de juillet a novembre 2016).
Ayant comme mojo “if you want it, go take it”.... “si tu veux quelque chose, va le chercher”, plutot que d'attendre que ca arrive tout cuit dans l'assiette.... J'ai pris mes billets avec la ferme intention de decrocher un poste et …....VICTOIRE!
Les responsables du projet sont d'abord venu sur le site de Billy, voir les avancements (impressionant d'ailleurs, les gars bossent a une vitesse fulgurante, meme en periode de jeune). Puis je suis allee les voir dans leurs bureaux, et ils m'ont fait visite le futur site de construction.


Je serais donc de retour sur ce pas-si-petit caillou en fin d'annee! A manager l'equipe avec laquelle je viens de vivre pendant 2 semaines. Y a plus qu'a apprendre le swahili... In challah!


26 mars 2016

Oulad Berhil or “Du seau, du seau, du seeeaaaauuuuu!”

Ca fait maintenant 6 mois que je suis de retour au pays du fromage. J'occupe mon temps principalement a la renovation (enfin en gros 3 mois de vidage 3 mois de deconstruction...) de la maison de mon pere dans mon loiret natal. Mais etant toujours interesse et intriguee par le Superadobe, j'ai decide de m'esquiver pour quelques jours au Maroc.


En effet, l'institut de formation du Superadobe Cal Earth se situe aujourd'hui en Californie. Ils proposent des formations, mais ces dernieres sont cheres et loin.... Une antenne de cet institut a ete creee en 2010 en Espagne. Elle grandit doucement et propose pour fevrier 2016 une formation d'une semaine pour construire un dome au Maroc. Du coup, en apprenant cette nouvelle, je m'empresse de m'inscrire.


Je reprends donc mon paquetage pour une dizaine de jours au soleil! Et rien que pour ca, mon coeur s'allege et bientot je vole!


Je decide de passer 3 jours a Taroudant, ville proche du site de construction pour “tater l'ambiance” de ce pays qui m'est inconnu.
Je deambule dans les rues, savoure les odeurs du marche et deguste des tajines et autres kebab locaux.
C'est le samedi matin que le rendez-vous est fixe avec Neil, l'organisateur de la formation et 6 autres participants. Il nous emmene sur le site, situe a une dizaine de kilometre de Oulad Berhil, et une cinquantaine de Taroudant. La voiture ne pouvant prendre que 4 passagers, nous nous separons en 2 groupes. Certains montent en voiture, d'autre prendrons le bus. C'est dans ce bus que j'entame la discussion avec Cedric et Ian, 2 autres participants. Neil reviendra nous chercher a Oulad Berhil.


Arrives sur place, nous sommes tous subjugues par le paysage. Je ne m'attendais pas du tout a voir de la neige au Maroc!








Nous plantons ensuite nos tentes et allons rencontrer tout le monde. Le groupe comporte 15 participants (principalement francais, mais aussi des insulaires, Reunion, Martinique et Mayotte sont representees, Allemagne, Belgique, Finlande et Suede), 2 organisateurs (de Marseille), 1 enseignante et 1 macon (Gadea et Mario, espagnols, l'equipe Calearth) et nos hotes, un couple franco marocain, Khalid et Caroline.
Et j'avoue que Khalid et Caroline se sont trouves un petit paradis.


La formation etait donnee en anglais par Gadea et traduite par Neil et Lora en francais pour les points les plus techniques. Gadea, neanmoins n'a pas l'anglais le plus fluide, ni le plus technique. Mario, lui, ne parle qu'espagnol. J'ai donc du me remettre a cette langue si chantante.


Meme si l'organisation semblait bonne, nous avons pris du retard des le premier jour. Nous etions senses creuser les fondations ce jour mais la moitie des participants ne sont pas arrives avant 17h, la nuit tombant a 18h30.... c'etait un peu juste. Nous aurons donc droit a un petit cours theorique.

Le lendemain, apres une nuit bien fraiche (contre toute attente, le mercure est descendu a 0'C!!!), nous entamons les fondations : d'abord le tracage, puis la pioche et la pelle. L'ambiance est bonne, les gens motives! Gadea, la prof, est tres pedagogue, et toujours souriante!
























Si nous avons la chance d'etre equipe d'une betonniere, cette derniere va etre tres capricieuse! Il nous a d'abord fallu une demie-journee pour la demarrer, puis probleme d'huile, de reveil difficile le matin (ce n'est que le 4eme jour que nous l'avons placee de telle sorte que le soleil la chauffe des les premiers rayons), puis un cylindre bloc qui lache puis une soudure... Bref, nous avons malheureusement perdu pas mal de temps a cause de cette machine. Mais elle nous a quand meme bien aidee!

Malheureusement, le lendemain la meteo s'ajoute aux galeres et on se prend plusieurs averses. On se refugie alors tous dans la grande tente berbere et retour a la theorie.


Si l'on gagne du temps et de l'energie avec la betonniere, il nous faut tout de meme tamiser la terre. Et pour ca, on aura 2 personnes en permanence a ce poste.
Les equipes se divisent ainsi : un groupe au mix (a comprendre le melange de terre/sable/chaux/eau), une equipe au remplissage.
La premiere se divise en deux : 2 personnes au tamisage de la terre, 2 a la betonniere et 2 avec les brouettes.
La deuxieme equipe : 2 tenir le sac (un a chaque extremite du sac), 2 a remplir, 2 a tendre les seaux pleins aux remplisseurs et 2 a damer.











Si on fait les comptes, ca nous donne donc 12 personnes. Mais on etait bien plus. Des “papillonneurs” se sont alors autoproclames et ont souvent juste erre sur le chantier. Il leur est meme pris de nous abandonner pour aller piquer une tete, pas vraiment l'esprit d'equipe...


J'ai personnellement priviligie la pause dejeuner pour cette delectation. Apres une demie journee bien chaude, plonger dans ces eaux fraiches etait un vrai bonheur! Merci a Johanna d'avoir initier le mouvement et a Thomas de m'y a voir accompagne jusquau bout!
Ca aurait ete tres agreable le soir aussi, mais avec le retard pris les premiers jours, nous finissions souvent a la nuit, voir une bonne heure apres et la, le vent s'etant leve, ca rendait l'experience plus que deplaisante (on ne l'a d'ailleurs pas tente).






Alors le lieu etait paradisiaque, les gens tres sympas et de bonne humeur, le travail etait dur mais constructif, la cuisine par contre....
La, s'il y a un gros point negatif a cette formation, il est la!
Lors de l'inscription, il nous etait demande nos preferences alimentaires. Sur les 15 participants, 4 ont repondus qu ils etaient vegetariens, les hotes ont donc opte pour ce menu. Les carnivores n'ont qu'a se serrer la ceinture! Je n'etais que peu genee, si seulement les repas etaient equilibres, mais non. Le midi : riz blanc, tomates, olives (donc pas de vert, pas de legumineux...), le soir, la variete etait la, mais Caroline a ose nous faire un plat de haricots blanc sauce tomate un soir. Et la, c'etait tres dur! Pas d'epices, pas d'oignons grilles..... juste plat! Je peux comprendre que cuisiner pour 20 personnes n'est pas evident, mais la, aucun effort n'a ete fait!
Un soir, les voisins (qui passaient regulierement sur le chantier, observer et/ou aider), nous ont sauve en amenant 5 enormes plats de couscous! Le meilleur du monde forcement. Nous ne savons toujours pas si ce geste etait de la pure gentillesse ou s'ils connaissent les talents gastronomiques de notre hote et ont eu pitie de nous... Le resultat est le meme, on s'est explose la panse!



A 2 jours de la fin, les carnivores etaient a bout et on finit par participer financierement a l'achat de viande ET sont passes aux fourneaux! Un vrai bonheur! Merci a Yotam, Fred et Cedric, ces derniers repas m'ont fait chaud au coeur!


Les jours passaient et le dome grimpait. Les premiers jours semblaient plus lent, mais je pense que vu l'inexperience d'une bonne partie du groupe (certains n'avaient jamais mis les pieds sur un chantier), il leur a fallu quelques jours pour prendre le rythme. On est arrive a la fin a monter 7 boudins en une journee.


Sachant qu'entre temps, il faut preparer les coffrages de fenetre, de porte, des niches.
Nous avons mis en place un “sourcil” au dessus de la fenetre, forme qu'il me tardait d'apprendre.




















Je me souviens d'une remarque de Johanna a Thomas et moi. Elle disait : “Je vous admire, vous, les bricoleurs, vous faites tout avec rien!” Ce a quoi il a repondu, “ faut bien! parcequ'on n'a rien!!”. Cela s'applique aux coffrages, je vous laisse admirer le support du coffrage de la porte. Il nous a fallu 2 bonnes heures pour le stabiliser correctement et encore ce mot est un peu fort....
Mais cela nous a prouve qu'il est possible de construire a peu pres n'importe quoi avec quasiment rien utilisant cette technique du Superadobe.




Une soiree, un voisin nous a invite a venir ecouter un groupe local repeter. Mais Khalid a eu du mal a trouve un moyen d'emmener 15 personnes en ville. Pour ca, il a fait appel a un autre voisin et a son camion benne... Pas tres confort, mais la mission etait remplie! Donc petit resto avant le “concert”.




Lorsque le dome arrive a son dernier boudin, Gadea preside solennellement une ceremonie. On remercie tout le monde, et placons chacun un petit gravier dans le dernier sac. Malheureusement, cette ceremonie a eu lieu a la nuit tombee, donc pas de photos correctes disponibles.






Il ne nous reste donc plus que 2 jours pour faire l'enduit. Je pensais cette tache labourieuse mais je me suis en fait beaucoup amusee! Ca avance assez vite et de balancer des boules de terre comme ca sur le mur... Bref, la Mimicracra sommeillant en moi s'est reveille et s'est eclatee!











Donc la premiere couche a ete posee le matin, puis dernier cours theorique dans la grande tente avant de faire la ceremonie de remise des diplomes, certains participant devant quitter le stage un jour plus tot.


Le dernier jour a ete consacre a la deuxieme et troisieme couche. La, j'avoue avoir eu un coup de mou. Il n'etait, pour moi, pas pertinent de faire la 3eme couche, si la 1ere et 2 eme n'etaient pas seches... Mais bon l'equipe de Cal Earth se doit en quelque sorte de fournir un dome fini. Gadea et Mario (les representant Cal Earth) ont donc retrousse leur manches et ont fini.









Voici donc le resultat final!




La derniere apres-midi a ete decretee “libre”. Certains sont alles se balader en haut de la colline avoisinante, d'autres se sont juste repose et ont fait leur paquetage. Thomas et moi sommes partis voir le tout petit village situe a 2 km. Malheureusement, nous sommes rentres trop tard pour saluer 6 participants sur le depart.
Cette escapade etait neanmoins tres sympa, a deambuler dans ces rues si typiques aux habitants si curieux, mais authentiques.





J'avais tente d'organiser un transport pour l'aeroport le lendemain tres tot, mais le groupe a eu raison de mon choix. Je devais donc partir la veille au soir et passer la nuit a l'aeroport avec 2 autres participants prenant le meme avion.
C'est apres le diner, quand la pression est redescendue et que Gadea a commence le karaoke, que j'ai du, le coeur lourd, quitter ce petit paradis. J'ai neanmoins eu la bonne surprise de revoir 3 de ceux partis la veille a l'aeroport en attendant mon avion.
J'apprehendais le retour sur “mon” chantier, apres avoir goute a cette synergie de 15 personnes bossant ensemble. Et j'avais bien raison, il a ete difficile de retrouver la motivation quand on a 6m3 de gravat a evacuer a 2 et par 3'C sous la pluie (ou au moins les nuages).... temps de repartir...? bientot!


Bref cette experience a ete tres enrichissante, j'ai beaucoup appris sur cette technique. Je reste en contact avec Gadea et tous les membres du groupe, esperant les retrouver un jour sur un autre chantier ou autre...