13 octobre 2015

Athi river or earthbag building initiation

Nous quittons Sadhana forest en vitesse et sans avoir de plan fixe. Billy, lui, s'est engage a retrouver un couple d'amis sur Nairobi a la fin du mois pour leur donner un coup de main sur un projet de construction en superadobe (il a d'ailleurs essaye de ramener quelques volontaires de Sadhana).

Cette methode a ete concue il y a une vingtaine d'annee par un ingenieur irano americain dans l'idee de construire les premieres structures sur la Lune et sur Mars. Le cahier des charges etant donc centre sur un apport minimise de materiaux et utilisation maximale des ressources locales.
Ce design consiste a remplir des tubes de Polypropylene tisse d'un melange de sable, terre et moins de 10% de ciment. Les rangs sont separes par deux lignes de fil barbele et des tiges de fer sont inserees pres des extremites et ouvertures de la structure. Une fois le squelette de sac termine, on enroule du grillage autour et appliquons un torchis pour rendre la structure resistante a l'eau. Le concepteur assure une resistance aux innondations, incendies et tremblements de terre de ce concept. Les formes privilegiees sont principalement en dome mais des structures rectangulaires sont possibles.

Mais revenons un peu en arriere. Nous quittons Sadhana avec Billy et Wilson. La premiere nuit est passe en tente chez le cousin de Billy a Maralal.

Le lendemain on part tous les trois pour Nakuru. 3eme ville du Kenya ou Billy a une maison de famille inoccupee. Celle-ci est gardee par des « amis » de la famille.
La maison est tres grande, de style colonial avec grand jardin et piscine. Les chiens et chiots nous accueillent en joie. 



Billy est neanmoins desoeuvre a la vue des cadavres de bouteilles d'alcool presents dans la maison et dans le jardin. Les gardiens, semble-t-il, organisent des soirees bien arrosees et negligent le nettoyage le lendemain. La moitie des meubles manquent et une partie des sanitaires hors d'usage.
On se fera neanmoins plaisir en cuisine avec des petits dejeuners copieux !!




Bref, le projet de Billy de transformer cette maison en gite necessite plus de travail que prevu.
On passera une semaine sur place a ranger, nettoyer et se reposer.





Le trajet pour Nairobi se fera en voiture. En effet, Billy a un ami qui fait la route de vendredi, il propose de nous emmener. Il nous deposera chez les parents de Tindi, en banlieue.

Kim et Tindi sont un jeune couple. Kim a herite d'un terrain de 4 hectares a Athi river, un village a 30km de Nairobi.
Sur ce site, elle desire construire un maison et peut etre implenter un centre de formation en superadobe.

On reste neanmoins une autre semaine chez les parents pour finaliser les preparatifs. On retrouvera Taylor qui elle a retrouve Wilson.
J'avoue que cette semaine d'attente m'a quelque peu exasperee... Pas grand chose a faire, les kenyans boivent beaucoup et ne reculent pas devant une vodka chaude et pure a 10h du matin.... perso, j'ai fait la grimace.


Taylor nous a raconte l'hecatombe des derniers jours a Sadhana et le depart de certains volontaires long duree...

Nous finissons par aller visiter le site pour une petite heure. La, je decouvre d'abord la route pour y aller. Si il faut d'abord prendre l'autoroute de la cote pendant 20km, il y a ensuite 10km de route tres cabossee (20km/h max) pour atteindre le village. La, je suis surprise du vide du terrain. Seuls 4 arbres se battent en duel. Le reste n'est que mauvaises herbes. Une petite cabane a ete erigee ou un gardien loge. Et c'est tout. Ah si, un trou a ete creuser pour les toilettes.
Le defi est donc de taille, et le besoin de main d'oeuvre enorme. On repart pour Nairobi, esperant que d'autres volontaires de Sadhana vont repondre presents. Seule Julie, la hollandaise passera pour quelques jours, malgre les 10 noms laisses par les plus motives sur la liste a Sadhana. Mais heureusement Fideliz, le gardien, Stano, un employe des parents de Kim et Peter, un ami de la famille se joignent a nos efforts. Memes les fils du voisins, qui nous prete la voiture passent de temps a autre donner un coup de main.


Bref c'est deux jours plus tard qu'on demenage enfin et retournons a la vie simple du camping. Pour les 4 premiers jours, l'eau etait stockee en bidons, pas d'eau courante. Kim est allee acheter tout le necessaire pour faire une cuisine d'appoint, gicko, marmites...

Les methodes et l'organisation africaine sont bien loin de mes standards europeens et je suis tres souvent frustree des delais et retards des materiaux.

Bref, nos premiers travaux sont basiques : construction d'une station de lavage des mains, rangements des outils dans le poulailler. Ensuite on monte une cloture pour eviter les badaux, prevoyant d'avoir quelques blancs en volontaires, il vaut mieux rester discret pour eviter les voleurs.







Apres ca, on commence enfin la construction avec le creusage des fondations, 40cm de profondeur.
Kim souhaite debuter les travaux avec 2 petites structures : une douche et un WC. 2 cercles de 2m de diametre et 1,6m de haut.

La douche sera la premiere. Les deux rangs de fondation sont rempli de gravats. Ce n'est que pour les rangs suivant qu'on fait le melange. Comme je l'expliquais le melange est fait de 65% de sable (Kim a recupere de la poussiere de carriere), 25% de terre et moins de 10% de ciment. Le tout mixe avec un peu d'eau, fera des murs d'environs 30cm de large et 10 cm d'epaisseur.
La flexibilite du Superadobe nous permet d'inserer des poutres entres les rangs qui serviront plus tard a supporter le lavabo, un banc, des etageres, … Nous deposons les tubes les uns sur les autres separes par 2 brins de barbele et tamponnes fortement. Des cadres en bois sont necessaires pour preparer a l'installation des portes et fenetres.On peut aussi creuser les tubes et inserer des niches.




















En attendant certains materiaux, on s'occupe a la fabrication d'une terrasse. En effet, le soleil est ecrasant et la cabane exigue. Il y a grand besoin de créer un endroit ou se reposer a l'air libre mais sans cramer. On a commence par installer un petit banc en superadobe sur le cote est de la cabane mais Tindi a vu grand et nous a fait construire un preau sous le bord duquel nous avons installe un deuxieme banc. La table est venue peu de temps apres completer cette « chill-zone ».













Il nous a fallu 10 jours pour finir les 16 rangs de la douche, moins d'une semaine aurait ete necessaire avec des horaires professionnels. Mais ayant egalement commence une semaine apres le debut du mois, mon vol etant le 13, nous n'etions qu'a mi chemin lorsque je devais rentrer. J'en etais triste mais decidee, quand 2 jours avant mon vol, une fievre me cloue au lit. 39,5C. Sans comprendre la cause, l'idee de retarder mon vol pour eviter toute mise en quarantaine (arrivant d'Afrique dans un aeroport europeen...). Et Billy a saute sur l'occasion pour insister sur une prolongation de mon sejour. J'ai donc cedee le matin de mon vol. Les tarifs des echanges d'Emirates ont eu raison de la duree. Et ce seront 3 semaines supplementaires que j'offre a Kim et Tindi pour faire avancer le chantier. J'ai donc pu admirer et participer a la fin de la construction de la douche (sans les finitions malheureusement).

Nous nous attaquons ensuite aux toilettes. Mais avant de s'y mettre nous souhaitons aller prendre un peu l'air et le voisin ayant accepte de nous preter sa voiture pour s'approvisionner en materiaux(apres que l'on ait remplace la batterie). Nous prenons le large vers la cote pour 2 jours. Je pensais que Kim aurait la presence d'esprit de prevenir de notre long sejour au voisin mais elle a preferee optee pour le silence radio, qui a effraye la femme du voisin et nous avons du rentrer en urgence, la police ayant ete contactee... Mais ceci n'est que du detail, apparemment...

La veille du depart, Tindi m'annonce que la cote est a 5 ou 6h de route. C'est plus que raisonable et nous convenons de partir en fin de matinee. A 10h le lendemain, il se reprend et m'annonce 8h. Nous partons a midi. Si j'avais tout d'abord propose de conduire pendant quelques temps pour soulager les autres conducteurs, je me suis vite ravisee voyant les methodes de conduite sur cette autoroute. C'est une deux voies seulement, ou les depassements se font au bon gre de chacun, la plupart etant tres peu regardant de la visibilite et des distances. Les poids lourds, tres nombreux, roulent entre 40 et 50km/h. Bref, chaotique. Mais ce n'est rien compare a la version de nuit. Les depassements sont tout aussi nombreux, mais la route etant relativement droite, il est tres dur de les identifier devant cette ligne de phares.

Bref, c'est tres tendus, fatigues et affames que nous atteignons notre destination a minuit !! Oui ce n'etait pas 5, ni 6 ni meme 8 mais bien 12 heures qu'il nous a fallu pour parcourir les 540km qui separent Nairobi de Diani Beach, beach village tres « in ».

Nous descendons au South Coast backpacker a quelques centaines de metres de la plage. Malheureusement, la route m'a extenuee, et l'absence de pause, de nourriture et de conversation m'a sape le moral. En effet, les kenyans ne sont pas tres bavards. Autant je comprend que le conducteur se doit de garder une concentration de tout instant, les 3 autres passagers ne se sentent pas de passer le temps en conversant. Ne voulant pas imposer mes habitudes, j'ai suivi les mœurs locales et me suis ennuyee profondement.




Le backpack est neanmoins splendide, avec piscine et bungalows. Nous plantons les tentes et tentons de trouver une gargotte ouverte a cette heure. De retour a l'hotel, mes accolytes se detendent au bar alors que je prefere aller m'allonger.



Le lendemain, nous degustons un dejeuner les pieds dans le sable avant d'aller nous balader sur un ilet a proximite, Chale Island. La, nous rencontrons un local qui nous fait faire le tour en nous montrant la faune aquatique locale.
On se posera sur une des plages deserte et Kim sort bien-evidemment la bouteille de vodka, encore une fois chaude.










Avant de rentrer a l'hotel, nous passons par un site ou mes 3 camarades travaillaient en debut d'annee. C'est en approchant de l'entree que Tindi me demande si Billy m'a raconte l'histoire de ce site, je hoche la tete et me tourne vers Billy. Il prefere m'en parler plus tard. C'est donc apres avoir contempler ce grand terrain, ou l'on apercoit quelques debuts de fondations, deux ou trois bancs en super adobe entourant un magestic baobab que Billy m'apprend que c'est le terrain ou il avait commencer a construire une maison 5 chambres et des bungalows pour monter une retraite zen sur un terrain achete par son « ex-future » beau-pere (Sa fiancee lui a brise le cœur quelques mois avant l'experience de Sadhana). Bref sans vouloir entrer dans les details, j'ai ete blessee de la facon dont les informations m'ont ete transmises. Eux ont constate l'arret total des travaux. Je me suis sentie au pied du mur pour accepter ce bagage.
L'ambiance ne s'est donc pas amelioree et le message vocal du voisin annoncant la plainte aupres de la police pour voiture disparue n'a pas aide.
Ils ont donc regle ca la seule facon qu'ils reglent leurs problemes : Vodka ! Je me suis isolee une petite heure, a mon retour, ils etaient tous largement ivres. Billy au bord du coma ethylique.
J'ai donc passe plusieurs heures a tenter de le garder conscient et hydrate.
Le retour se fera le lendemain de bonne heure, mais toujours pas de bonne humeur. Seule victoire du week end, Tindi et Kim ont trouve un tas de bouteilles de vin vide que nous cherchions pour faire des mosaics en haut de murs de la douche. Nous passons donc chercher les quelques 250 bouteilles avant de reprendre la route, encore une fois de 12h, encore une fois en silence.


Ce week end, bien que chaotique emotionnellement parlant m'a montre une autre region du Kenya. La cote est superbe et la vegetation magique. Diani est effectivement un village touristique ou les clubs s'enchainent. J'avais espere y passer plus de temps, histoire d'y avoir quelques bons souvenirs...

De retour a Athi river, nous entamons les rangs des toilettes. Tindi decide ensuite de lancer la construction d'un grand dome de 4m de diametre. J'avoue ne pas tout comprendre, ce dome n'etant pas sur le plan initial.
Les hommes forts s'attelent donc a creuser les 60cm de profondeur sur ce cercle... Beaucoup de coups de pelle en perspective. J'avoue me concentrer sur les toilettes et la decoupe de bouteilles.



Les jours passent et mon sejour touche a sa fin. Je ressens l'envie de prendre un dernier bol d'air dans un autre coin du Kenya avant de partir. Nous decidons donc avec Billy de partir a Naivasha, region de collines. Nous reservons un bungalow sur les bords du lac.

La meteo n'est pas clemente et nous ne pouvons pas profiter de la proximite des parcs nationaux. Nous passons le temps en terrasse a discuter. Nous avons neanmoins la chance d'admirer les autochtones a poil et a plume....







Ce ne sont que 2 jours mais ils ont ete intenses en echange. Le retour se fera encore une fois douloureux pour Billy, n'etant toujours pas exempt de gueule de bois.

C'est bien evidemment partagee que je monte dans l'avion, laissant derriere mois un projet en pleine expansion, des amis (meme si nos methodes de relaxation diffèrent...). Il m'est neanmoins cher de rentrer, revoir la famille, les amis. Cela fait maintenant 2 ans et un mois que je n'ai pas touche le sol metropolitain. Il me tarde de saluer et embrasser mes proches.

C'est la dure vie du voyage : faire de belles rencontres mais savoir dire au revoir. On peut s'habituer a ces sentiments, mais il me tarde que leur frequence diminue. Il me tarde de me poser, de construire, de partager ce que j'ai appris avec mes compatriotes.


Je termine ce blog avec deux pensees prevalentes :
Toute critique doit etre constructive.

Et ma citation preferee :
Il suffit q'les gens arretent d'acheter pour qu'ca s'vende pas !
Coluche